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Le Monde merveilleux du caca La culture c'est aussi des oeuvres inavouées...

Crotte de lapin, crotte de lapin

Nux

Ushijima l'usurier de l'ombre est dans le même style que l'ami Himizu quoiqu'en un peu plus lourd et répétitif. C'est l'histoire d'un yamikin, un usurier pratiquant des intérêts abusifs, qui croise des boulets espérant une ascension sociale et/ou relationnelle. Dans un Tokyo défoncé par le crime, les yakuzas, la violence, il trace sa route tranquillement profitant de la vulnérabilité de ses clients pour prospérer. C'est un seinen réaliste et slice of life (tranches de vie) qui a tendance à vite ennuyer son pauvre lecteur qui a bien compris que les prostituées, les hosts, les cadres supérieurs étaient tous très malheureux et que le pachinko c'est vraiment pas bien. J'avoue avoir réprimé des frissons de joie devant les employés de bureaux qui se chient dessus quand Ushijima leur botte le cul et leur pète des doigts.

J'ai pas fait la même heure qu'avec Himizu, je me suis mis de la musique calme pour pas trop claquer un boulon quoi... Et c'était tout à fait sage puisqu'on verra des personnages tout à fait méprisables se succéder dans le bureau malfamé de Ushijima, du jeune ambitieux qui vide les comptes de Tata Huguette pour devenir riche et célèbre, la pute accro aux crèmes anti-âge, l'otaku reclus qui se retrouve confronté à la vraie vie, et mon préféré, le clochard qui tente de rembourser une dette. Tout ça ne serait pourtant que très piteux sans l'univers autour, on a de Abeille à Zazou en passant par Rafiki, des pingouins qui se bousculent dans le métro et laissent leur place aux vieilles impotentes, traversent au vert et sortent de temps en temps aller voir les putes, normal normal donc. Et là, vous me dites, que ce que je dis n'a aucun sens, et vous avez raison, et je vais sûrement me mettre à boire, peut être. Là où c'est rigolo c'est que des fois tout déconne, un mec tue sa femme en la poussant contre la commode, un autre refuse de traverser au vert et se fait déglinguer par un camion, un employé bien sage torture la femme d'un supérieur pour se voir accorder une augmentation, comme quoi, le mal n'est pas distribué de façon radine.

Mais dis moi, Père castor, qu'en est-il du personnage principal, est-ce qu'il défonce des méchants qui redonnent pas ses piécettes? Oui. Mais pas que, il est aussi gentil, et ça c'est nul original quand il se décide à venir en aide à une narco plutôt que de lui casser tous les doigts un par un. Car notre prêteur national a aussi un coeur gros comme ma bite, ses nombreux lapins peuvent en témoigner, ses clients fidèles également, bien entendu, il ne fait pas ça par bonté, après tout les humains sont sa source de revenus, les faire tomber trop bas n'est pas bon pour son flouze. C'est donc un merveilleux cynique et accessoirement un mec en doudoune avec toujours une arme improvisée dans sa poche arrière qui nous emmène visiter les bas-fonds de Kabukicho. Mais en fait, j'aime pas ce mec, il est prévisible comme pas deux, et nous sort tout le temps les mêmes banalités sur le fric et sur sa philosophie de vie. Même le mangaka paraît s'en apercevoir en diminuant les pages où il apparaît... Gênant, isn't it? D'ailleurs, plus ça va, moins il bosse, il se repose sur ses employés et sur sa réputation de dur à cuire.

C'est marrant, mais j'ai du mal avec le cover art, avec le design des humains, les paysages étant corrects, par exemple, pour moi, le mangaka a un réel problème avec les dents des persos, arrivant à rendre moches n'importe quelle belle femme ouvrant pas la bouche, et ça c'est regrettable, ça décrédibilise à mort les persos, qui déjà ne sont absolument pas attachants, mais plutôt méprisables... Et franchement, je tape pas sur la patte du mec parce que je me suis violemment emmerdé vers la fin, mais juste parce que c'est peu soutenable. Même, pendant une scène de torture j'ai réussi à me moquer du tortionnaire, tout ça parce que sa tête était improbable, style cubisme après un passage au garage avec Bob la Canaille et sa clé à molette. Très franchement, regardez-moi cette gueule! Et c'est pas le seul exemple!!

Je le lirai pas entre la poire et le fromage lui, plutôt dans ma hutte de paille à peine éclairée, et surtout, je le relirai pas... Clairement pas... Je le cacherai même de mes souvenirs, et je retourne à mon pinard.

Crotte de lapin, crotte de lapin
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