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Le Monde merveilleux du caca La culture c'est aussi des oeuvres inavouées...

Défi #2 réalisé

Nux

J’avais pour ambition de faire une seule phrase, interminable, incompréhensible, pour résumer l’affreuse expérience mais cela n’aurait pas fait honneur à la chose qu’est la Recherche du Temps Perdu. Oui, le mot honneur apparaît sur la même ligne qu’une œuvre de Proust, car, qu’on se le dise, c’est culte, qu’on aime ou pas, y a l’avant et l’après Proust, un peu comme Zelda pour les jeux vidéo, que les puristes me pardonnent cette comparaison honteuse…

Je promets d’essayer une distinction entre Proust et le narrateur, entre Proust et les préfaceurs, entre Proust et les lecteurs de Proust. En tout cas, c’est amusant, mais en lisant Proust un peu partout, dans le métro, dans la salle d’attente de l’ophtalmo, au surplus amerloque, j’ai rencontré pas mal de gens, dont une aimable personne qui ne fait pas son âge qui m’a confié admirer Proust. Je ne l’ai pas brûlé, pour cette fois, car j’étais en pleine expérience sociale. Apparemment, il existe des personnes lisant Proust, un peu comme une Bible, à rythme d’une phrase ou deux par jour. J’y reviendrai.

Parlons un peu du contexte de lecture, je vous promets j’attaque ensuite, je mets les mains dans le cambouis merdouilleux, très vite. J’ai lu partout où je pouvais, dans la voiture, en Bourgogne, devant le feu, dans la rue, la nuit sous ma couette, j’ai vécu ce bouquin, qu’il m’ait plu ou non. J’ai eu diverses remarques, qui ne m’ont pas plu, sur mon manque de maturité à propos de ce livre, Proust serait un écrivain difficilement appréhendable avant un certain âge. Je suis désolé, mais je me dois de m’élever contre ça, soit les personnes qui ont prononcé ces mots voulaient se glorifier de leur intelligence, culture, car bien évidemment c’était des personnes moins jeunes que moi, soit elles me méprisaient et je ne tolère ni l’un ni l’autre. Qu’on se le dise, je ne gloserai pas longtemps là-dessus, mais la pensée que la littérature cible un public précis me fait vomir, tout simplement. Qu’on ose me contredire et je lâche le dogue. Salopards d’élitistes !

À la recherche du temps perdu est une saga, pas la chanson, ni une épopée finnoise, mais une suite de sept romans pour être précis. J’ai lu les éditions Robert Laffont, en trois tomes donc, avec un énorme pavé de notes, index et préfaces plus ou moins puantes. Dans l’ordre on a Du Côté de chez Swann, Les jeunes filles en fleur, Le Côté de Guermantes, Sodome et Gomorrhe, La Prisonnière, Albertine Disparue et Le Temps Retrouvé. Mais tout d’abord, pour les deux Purs de la salle, qui est Proust ?

Je répondrai avec un sourire lugubre que c’est une taffiole aristo maladive vivant dans une chambre de liège. Sa fortune lui permet de rester à rien foutre profiter de la vie autant qu’il peut et que ses diverses maladies le permettent. Son narrateur sera faible physiquement, il est vrai, mais je risque de me prendre des coups de règle sur les doigts si je ne distingue pas maniaquement les deux.

Je pense que je peux entamer l’histoire à proprement parler, le lecteur est dans les yeux et dans les pensées de Marcel, je crois qu’il porte ce nom, un aristocrate qui évoluera tout au fil du roman et qui rencontrera diverses personnes, à citer Saint-Loup, Gilberte, Swann, Albertine. L’action se fait attendre, Proust se concentre sur la description d’une époque, d’un univers. Les personnages sont tous très bien mis en valeur, certains plus que d’autres, et tous les milieux sociaux sont représentés, bien que le prisme soit installé du début à la fin sur les riches, les Zézés.

Les premiers volumes dépeignent deux histoires d’amour, Odette-Swann et Gilberte-Marcel, les suivants verront l’arrivée d’Albertine, la Bella de Maître Gims à la XXe siècle. On veut être, toujours selon ce dernier, la chaise sur laquelle elle s’asseoit. Non, en fait elle est grosse et brune, mais elle a un certain charme indéfinissable, selon le narrateur cette fois, Maître Gims ne connaît ni le mot « charme » ni le mot « certain ». C’est la femme que l’on croise quelques secondes et qu’on rêve de revoir pour lui payer un jus de carotte, moi mon Albertine c’est une jolie petite brune, à qui je n’ai que peu parlé, mais on me dit dans l’oreille que l’on s’en tamponne la nouille. Proust choisit volontairement un thème qui nous touche tous, et c’est et louable et épuisant. Mais j’y reviendrai.

La phrase proustienne est dure à comprendre et a pour but de perdre le lecteur, c’est réussi. Mais je n’ai pas compris quel est le but recherché au-delà de ça… Montrer la non-fiabilité du narrateur ? Montrer la stupidité du lecteur ? Est-ce vraiment un jeu de style ou tout simplement une incapacité de l’écrivain ? Si encore on avait des passages avec des phrases courtes, je dis pas, mais non, la perte du narrateur est faite de façon gratuite !

Je ne résiste pas à l’idée de vous citer Proust, pour la culture, et aussi pour retrouver mon chemin dans mes notes :

« Celui qui est devenu entièrement sourd ne peut pas faire chauffer auprès de lui une bouillote de lait sans devoir guetter des yeux, sur le couvercle ouvert, le reflet blanc, hyperboréen, pareil à celui d’une tempête de neige et qui est le signe prémonitoire auquel il est sage d’obéir en retirant comme le Seigneur arrêtant les flots, les prises électriques ; car déjà l’œuf ascendant et spasmodique du lait qui bout accomplit la crue en quelques soulèvements obliques, enfle, arrondit quelques voiles à demi chavirées qu’avait plissées la crème, en lance dans la fenêtre une en nacre et que l’interruption des courants, si l’orage électrique est conjuré à temps, fera toutes tournoyer sur elles-mêmes et jettera à la dérive, changées en pétales de magnolia. »

Il est évident que cette longue phrase fera les délices d’un psy adepte des associations d’idées mais ce n’est pas ce qui nous intéresse ici. Il est vrai que traditionnellement la littérature se justifiait par une histoire à raconter, mais Zola et Balzac entre autres sont arrivés avec leurs gros souliers. Je ne remettrai pas en cause tout cela mais Proust restera du sous-Balzac à mes yeux, La Peau de Chagrin s’essuie sur tous les personnages et leurs lassantes conversations.

Abordons les préfaces qui vendent un peu trop de rêve à mon goût. Selon nos bien aimés préfaceurs, comment ça j’essaye d’éviter un procès en les flattant, La Fugitive est en état de chantier, je vous rassure le reste aussi, Le Temps Retrouvé dissipe toute énigme, un peu comme l’excipit des Cabanes Magiques, toujours pas, la fin est vague, le narrateur est-il mort ? On saura jamais ! D’ailleurs, rejoignez mon mouvement, pour moi Werther est toujours en vie, les derniers mots sont bien mystérieux, il viendra nous hanter, vous aussi vous en êtes convaincus ? Mais là encore j’essaie d’échapper à mon destin…

Les personnages sont plats et s’extasient de n’importe quels détails débiles, limite en en faisant des poèmes commentés… Je déteste cet état d’esprit !

Je conclus, je reviendrai dessus dans une chronique je pense, je dois poster avant minuit, vite vite, sinon Rousseau… Argh ! Pas Jean Jacques ! Pas lui ! Il arrive ! Encore deux minutes, vite postons ! Non je rigole j’ai géré Proust !

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