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Le Monde merveilleux du caca La culture c'est aussi des oeuvres inavouées...

Les Entre Deux et Dix Canaillous

Mr. Blonde

Attention l'article que vous vous apprêtez à lire a été écrit par un rustre employant un langage peu châtié et est également susceptible de contenir les éléments suivants : des fautes d’orthographe et/ou de grammaire, des blagues sales et de mauvais gout et éventuellement du second degré (mais juste un peu).

Si vous êtes dérangé par l'un (voire plusieurs) de ces éléments merci de bien vouloir aller vous faire mettre lire un autre article.

Je dois vous avouer quelque chose, j'aime bien Tarantino. Enfin pas lui personnellement. Enfin j'en sais rien je l'ai jamais vu. Enfin jamais vu en chair et en os quoi parce que sinon oui je l'ai vu dans des films, enfin merde ! J'aime bien le cinéma de Tarantino. Qu'ouïs-je ? Qu'avec un pseudo comme le mien c'était une évidence absolu ? Hum c'est juste... Bon ben à la prochaine alors !

Pour les trois qui sont restés parce que l'humour de merde ne les fait pas fuir, je vais reprendre du début.

Je dois vous avouer quelque chose, j'aime bien le cinéma de Tarantino, mais plus important encore j'ai dernièrement été un peu déçu du cinéma de Tarantino.

Le bougre a en effet eu un petit coup de mou ces dernières années, surtout en comparaison de ses débuts, et quels débuts ! Son premier film, Reservoir Dogs rentre aisément dans mon top cinq des films à voir absolument, on ne présente plus Pulp Fiction qui, même si je persiste à penser que le film aurait pu être raccourci d'une quinzaine de minutes reste une merveille de narration et le premier Kill Bill est malgré ses quelques effets ratés (la partie en noir et blanc de la grande baston contre les Crazy 88 rendant par exemple assez mal) une mine d'or d'inventivité et d'hommages parfaitement mixée et ultra généreuse, avec du western, du film d'arts martiaux, de l'animation et même du drame ! Jackie Brown est souvent oublié car il est vrai que le film est bien plus mineur, il reste sympa et contient de très bonnes scènes (notamment celle de l'échange dans le centre commercial) mais est en effet plus oubliable.

C'est à partir de la suite de Kill Bill que le Quentin (prononcez Qwintinne) a commencé selon moi à piquer du nez. La deuxième partie du diptyque souffre de ses révélations bien bidons (le nom de la mariée est probablement l'effet de suspens le plus inexistant jamais imaginé) et surtout de sa conclusion ayant à peut près autant d'impact qu'un tir de pistolet à eau vide. Boulevard de la mort était assez sympathique mais, une fois n'est pas coutume le métrage de Tarantino ne tient pas la comparaison avec le Planète Terreur de Robert Rodriguez son inséparable partner in crime. Inglourious Basterds est assez particulier étant donné que je crois être la seule personne à ne pas avoir aimé le film et à le considérer comme le moins bon film de Tarantino et le seul vrai faux pas de sa carrière. En parler en détail serait foutrement trop long aussi résumerait-je le film en quatre mots, "En dent de scie" tant tout les éléments du film sont instables qualitativement parlant.

Après ces petites (et moins petites) déceptions Django Unchained m'avait vraiment redonné confiance envers le réalisateur tant le film mêlait avec un dosage très maîtrisé l'humour con con, l'histoire bien développée et l'action WTF au possible.

Il est donc temps de voir ce que vaut le petit dernier de notre réalisateur à facies de bulldog préféré, (nan sérieux y'a que moi qui voit une ressemblance ?) The Hateful Eight pour une fois traduit de façon amusante dans la langue de Michel Fugain, Les Huit Salopards.

Pour ce qui est du scénar, disons que peu après la Guerre de Sécession John Ruth aka Kurt Russell avec la moustache du warrior ultime trimballe Jennifer Jason Leigh ici nommé Daisy Domergue une criminelle recherchée non pas pour le meurtre des développeurs d'eXistenZ mais pour meurtre tout court, jusqu'à la ville de Red Rock pour la faire pendre. Après avoir récupéré au passage Samuel L. Jackson avec une moustache et Walton Goggins qui a visiblement retrouvé ses parties génitales après le final de Django Unchained, respectivement chasseur de primes et futur nouveau shérif de Red Rock la brave équipée est contrainte par une tempête de neige à faire halte dans une auberge isolée déjà occupé par quatre hurluberlus, Tim Roth avec une moustache ainsi qu'un chapeau vaguement ridicule et un nom qui ne l'est pas moins, Oswaldo Mobray, Bruce Dern ici parachuté général confédéré qui passe le temps du film à glander, Joe Mister Blonde Gage un garçon vacher (parce que moi aussi j'aime bien les traductions !) incarné par ce bon vieux Michael Madsen qui, à défaut d'avoir perdu du poids depuis Kill Bill a maintenant une voix encore plus grave et enfin Demián Bichir (mais si le gentil membre de cartel qui terminait en chipolata grillé dans Savages) dans le rôle d'un mexicain quelconque. (appelons le Bob) Comme dans l'Auberge Espagnole tout ce joli monde va devoir cohabiter le temps que chacun puisse reprendre sa route, malheureusement (ou heureusement vu que sinon le film deviendrait un genre road-trip/western... Y'a un concept à creuser là non ?) il semble qu'il y ait un voire plusieurs traitres parmi les occupants et ce qui était parti comme une sympathique soirée entre gueules du cinéma d'action vire rapidement au jeu de massacre. (pas comme dans l'Auberge Espagnole)

Les Entre Deux et Dix Canaillous

Si l'esthétique, la trogne des personnages et bien-sûr la présence de notre seigneur et maître Ennio Morricone à la BO renvoient inévitablement au western (que celui qui a dit à la comédie romantique se dénonce !) le film se rapproche finalement beaucoup plus d'un thriller à tendance horrifique voir d'un film d'épouvante façon The Thing ou Evil Dead. C'est d'ailleurs l'un des gros point fort de l'animal, son ambiance unique et parfaitement maîtrisée, la tension est toujours palpable et le côté "huit-clos" (oui bah c'est bon j'aime aussi les blagues pourries que tout le monde a déjà fait douze milles fois et des brouettes) totalement coupé du reste du monde accroit encore cette sensation de malaise, notamment dans la représentation de la tempête qui apparaît ici comme une menace quasiment surnaturelle, forçant les personnages à rester enfermés malgré le danger qu'ils représentent les uns pour les autres. D'ailleurs parlons en des personnages, si Tarantino aime les films choraux il est assez rare que le temps d'écran de chacun soit parfaitement répartit. Pulp Fiction mis à part il est courant que ses histoires mettant en scène de nombreux personnages équilibre mal l'importance donnée à chacun, c'est par exemple pour ça que l'on en était réduit à suivre des personnages profondément inintéressants et vides dans Inglourious Basterds alors que certains autres protagonistes auraient mérités un meilleur développement. Le phénomène est à nouveau observable ici, certains personnages phagocytent le scénario malgré leur manque flagrant d'intérêt tandis que d'autres sont survolés sans la moindre profondeur, ce qui est assez curieux pour un film qui était supposé ne pas mettre de héros en avant. Pour ce qui est des personnages en eux-mêmes disons que certains comme John Ruth ou Oswaldo Mobray sont particulièrement réussis, d'autres comme Domergue ou Mannix sont à défaut d'êtres originaux, sympas à suivre, quand Joe Gage et le général tentent désespérément d'avoir un peu de consistance dans les rares minutes qu'on leur consacre. La faute au personnage de Samuel L. Jackson, selon moi bien trop mis en avant pour le faible intérêt que présente le gus, c'est le héros un peu fanfaron mais redoutable que Tarantino aime ressortir dans la quasi totalité des ses films et je commence sérieusement à m'en lasser, et si Samuel L. Jackson est un acteur d'un talent indéniable on a ici presque l'impression de le voir jouer une parodie de lui même ce qui est sacrément décevant en comparaison du rôle totalement à contre emploi qu'il occupait dans Django.

Les Entre Deux et Dix Canaillous

A l'inverse Kurt Russel n'a clairement pas assez de temps d'écran alors que son personnage de bourrin grande gueule délicieusement naïf est sans nul doute le plus frais et le plus attachant de la bande, d'autant que l'acteur disparu depuis quelques temps des écrans se débrouille toujours aussi bien ici. De manière général et à l'exception de Domergue et Mannix tous les autres salopards en titre (et les deux ou trois pignoufs supplémentaires) sont monstrueusement sous exploités ce qui est d'autant plus dommage que les acteurs comme bien souvent avec Tarantino se débrouillent à merveille, (en fait tout le temps sauf dans une partie d'Inglourious Basterds... Vous vous souvenez ? "En dents de scie") mention spécial pour Jennifer Jason Leigh toute en grimaces et en rictus.

Pour ce qui est de la réalisation le metteur en scène n'a plus rien à prouver, il cadre ses plans avec brio, offrant d'ailleurs un magnifique générique d'ouverture et gère très bien l'espace, notamment pour son inévitable impasse mexicaine, ici particulièrement longue. Le côté fausse pièce de théâtre filmée est d'ailleurs très bien rendue en filmant les dialogues de façon classique tout en jouant sur le hors champ pour créer la surprise. Le seul point à reprocher au niveau technique est l'utilisation totalement incompréhensible pour moi des ralentis, il faut dire que cet effet s'apparente un peu à une roulette russe, soit votre film en ressort plus beau et plus riche soit vous le flinguez ! Ici leur utilisation est tellement inutile, gratuite et grotesque que j'ai encore du mal à croire que quelqu'un ait pu penser que c'était une bonne idée, le fameux ralenti est placé pendant une réplique de Warren en pleine scène de tension et son seul effet est de faire passer Warren pour un gland (ce que le personnage fait assez bien seul) et de rendre la scène hautement comique.

C'est d'autant plus regrettable que le script est justement très épuré de l'humour que l'on retrouve habituellement en grande quantité dans les films de Tarantino, ici comme dans Reservoir dogs l'humour se savoure en petite quantité, noir et bien corsé et est bien plus souvent causé par le caractère immature des personnages et non par la situation ce qui accroît encore la sensation de malaise qui règne. C'est d'autant plus fort que la plupart des morts ont un côté indubitablement grand-guignolesque avec un aspect gore tellement prononcé qu'ils pourraient en devenir ridicule mais restent pourtant parfaitement macabres comme il faut, à ce titre et sans trop spoiler la scène du vomi est juste dantesque. (ceci est probablement la phrase la plus classe qu'il m'ait été donné d'écrire depuis le début de cet article)

Les Entre Deux et Dix Canaillous

Enfin terminons par ce qui fait toute la sève d'un Tarantino, à savoir le scénario et les dialogues. Pour ce qui est du scénar il est réussi mais a malheureusement une fâcheuse tendance à proposer moins que ce qu'il aurait pu donner. Typiquement là on pouvait s'attendre à des conflits complexes et à des alliances et trahisons multiples comme Reservoir Dogs parvenait à le faire en une petite heure et demie, Les Huit Salopards ne propose finalement en presque trois qu'un bête affrontement opposant deux camps bien distincts et des alliances et trahisons finalement pas si retorses, ce que le premier meurtre laissait pourtant augurer. En revanche le travail de contextualisation historique est une franche réussite, il n'occupe pas le devant du scénario mais reste présent de manière à être intéressant sans être envahissant tout en évitant habilement le manichéisme. Pour ce qui est des dialogues les plaintes concernant leur côté long et pas toujours très intéressant sont assez incompréhensibles, de tels dialogues ayant toujours été l'une des marques de fabrique du sieur Tarantino, s'il est vrai qu'ils sont ici très longs ils ne sont pourtant jamais véritablement ennuyeux. (ce qui n'était pas le cas de certains dialogues atrocement chiants entre Butch et Fabienne dans Pulp Fiction ou de la plupart des discussions entre Louis et Ordell dans Jackie Brown)

Pour ne pas changer je tiens particulièrement à finir sur un point un peu idiot mais qui me tient à cœur, le titre. Pourquoi bon sang de bois de bordel à couilles d'épagneul breton avoir choisi ce titre ? Que ce soit en Anglais ou en Français on y fait référence au chiffre huit, or certains personnages comptés comme "salopards" sont quasiment des figurants là ou le simple pilote de Kurt Russell a plus de temps d'écran et d'importance scénaristique, j'avoue avoir du mal à comprendre...

Au final ce nouveau Tarantino s'avère être une fort bonne cuvée, le résultat est loin des demi-déceptions que Qwintinne avait provoqué chez moi et on est ici face à un film monstrueusement prenant et sacrément jouissif auquel on pardonne aisément ses quelques défauts de scénario et de dialogue et un peu moins aisément certains choix douteux de personnages, (enfin on les pardonne quand-même) surtout quand le film se paye le luxe d'avoir un Ennio Morricone en pleine forme à la musique. En bref et sur ce site je ne risque pas de dire cette phrase souvent, foncez c'est du tout bon !

Pour ceux qui hésite encore on rappelle que ce film contient en vrac Kurt Russell avec la moustache la plus épique depuis l'invention de la pilosité, un viol buccal dans la joie et la bonne humeur, un lattage de boules au flingue et bien-sûr DU PUTAIN DE VOMI ENSANGLANTE ! Bordayle c'est pas de l'argument ça ?! Y'a un mec qui vomi du sang ! Il le crache pas attention, il le vomit !

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